Plus on pédale moins vite, moins on avance plus vite!

Thursday, June 14, 2012

GP de Charlevoix

Reconnu par certains comme la course la plus dure au Canada, le GP de Charlevoix se déroulait durant la fin de semaine du 2-3 juin. Un contre-la-montre le samedi matin, suivi d'un critérium urbain en soirée, puis une course sur route des plus exigeantes le dimanche.

Au chrono, j'avais un bon lapin et un autre en arrière. Olivier Hokmi, en arrière, avait terminé dans la même seconde que moi à Granby, mais je savais qu'il était plus rapide que moi au contre-la-montre. S'il me passait, je devais le garder en vue le plus longtemps possible. Sinon, il s'agissait d'un parcours de 15km tout en explosion. Après 4km, je rattrape mon lapin de devant. Après 6km, je me fais reprendre par Hokmi, mais je le garde en vue jusqu'à la fin pour finir exactement 30 secondes en arrière de lui. Ce temps me place en 9e position. Un chrono normal, j'étais à ma place, autour des mêmes gars qu'à Granby. J'accuse un retard de 1min 17 après le chrono.

Le dur critérium de Baie St-Paul est comparable à un critérium de minimes. Ça part sul' gun. Un coureur pris en arrière sur la ligne de départ a peu de chances d'accrocher. La grande question était de savoir qui prendrait la course en charge dès le début. La réponse était: nous. Ayant 3 gars dans les 10 premiers au général, nous allions presque tous être appelé sur la première ligne. On se réchauffe beaucoup et intensément sous le regard incrédule des autres coureurs qui profite du beau temps et de l'ambiance. Nous arrivons à la dernière minute sur la ligne. Finalement, pas d'appel et c'est sans appel. On est mal placé, mais on réussit à profiter de la fenêtre d'un tour pour se replacer. On met la hache avec l'aide de IAMGOLD. Pendant les 10 premiers tours, ça roule en file indienne et ça saut à l'arrière. Pas moyen d'attaquer ou de remonter. On relâche un peu jusqu'à 15 tours et tout devient désorganiser. On essaie de reprendre le contrôle du peloton avec plus ou moins de succès. Avec 4 tours à faire, je tente ma chance et j'attaque avec Hendrik dans la roue. On creuse un bon trou...l'attaque la plus dangereuse de la course. On a une bonne cohésion, on roule bien, mais on se retourne trop et on se fait reprendre avec 1 tour à faire par l'équipe Devinci qui amène. Aucun résultat dans cette course, mais l'honneur d'avoir été ceux qui ont travaillé le plus fort et qui ont durci la course.

La course sur route de Charlevoix est redoutable, redoutée. Cette année, le parcours était allongé à 122km dans les innombrables bosses de la région de Charlevoix, moins la côte de Ste-Irénée, plus la côte du Casino. Mais surtout, plus 8 degrés avec une pluie diluvienne. Mon room-mate Marco me réveille en criant: «Sacrament! Ça drache!!!» J'ai vite compris que c'était pas beau dehors. On se prépare. Je m'habille bien et je met beaucoup de couches pour au moins garder le corps au sec. On sort dehors et au fond ce n'est pas si mal. Une fois mouillé, tu peux pas être plus mouillé! La course part avec un long contrôlé. Je ne veux pas rouler dans les roues...c'est fatiguant recevoir de l'eau dans le visage tout le temps. Yohan s'échappe après 20 km en solo. Nous entamons la chasse peu après. Je suis à l'avant et je roule pour finalement me retourner après le ravito et remarquer que nous ne sommes plus que 8 juniors + 2 seniors 3. Dans le groupe, Oli Brisebois, Marc-Antoine Soucy et moi-même travaillons très fort pour ramener. Certains dans le groupe n'assument tout simplement pas leurs fonctions dans le groupe et semble préconiser la stratégie «s'économier-pour-finir-bon-2e-derrière-un-coureur-parti-après-20 bornes». Ce n'est tout simplement pas ma philosophie. J'aime mieux me vider les tripes sur la route et finir dernier du groupe, mais au moins avoir le sentiment du devoir accompli. Heureusement que Soucy et Brisebois partageaient cette vision. Plus la course avance, plus on perd des joueurs. À un moment, Brisebois et moi avons essayé de s'échapper, en vain. Je me fais décrocher dans la côte du casino. J'ai complètement cassé. J'avais mangé beaucoup, mais juste pas assez pour les conditions. Dans le Casino s'était laborieux. En haut, je mange beaucoup, je me réhydrate. L'énergie revient tranquillement et Pat remonte la caravane pour venir à ma hauteur. J'avais vraiment ralenti l'allure, mais je trouve le courage de me lever, d'en mettre une de plus et de commencer la chasse vers le premier groupe qui avait repris Yohan. J'étais maintenant 5e sur la route. Les jambes piquaient fort, mais j'essayais d'ignorer la douleur. Je temporise dans les montées puis je bascule dans les descentes puis sur le plat. À 5km de l'arrivée, je vois l'auto du DS de Rocky. Je sais que l'échappée est tout prêt. Ça me motive à rouler encore plus fort. Finalement je reviens avec 1,5 km à faire. J'avais plus de vitesse que l'échappée et j'aurais donc dû attaquer, mais j'ai freiné pour me reposer et attendre la dernière ascension de 500m vers l'arrivée, car je suis capable d'une bonne explosion dans les derniers mètres durs. Mais la course avait fait ses dommages. Quand ça part, je me lève, j'essaye, mais les crampes embarquent. Pas capable de prendre part au final. Je termine avec un retard de 18 secondes sur le vainqueur, Olivier Brisebois.

Au classement général, je passe de la 9e à la 3e position. J'aurais aimé pouvoir disputer le final, mais bon au moins j'ai fait ce que j'avais à faire et j'ai vraiment tout vidé sur la route. Tout cela me satisfait. De plus, je le vois également comme une bonne préparation pour les montagneux Championnats canadiens.

Le post-Charlevoix fut dur. Dans la semaine suivante, j'ai boosté mes entraînements et je n'ai vraiment pas bien récupéré. Ça a paru à Pont-Rouge où je m'en sors avec un sprint insignifiant dans la garnotte, et St-Raymond où je n'aurais simplement pas dû prendre le départ. Vraiment claqué. J'ai pris du repos en début de semaine et je suis maintenant de retour à l'entraînement, pour un dernier droit vers les Canadiens puis mon départ pour la France.